Là où les poteaux électriques n’ont plus de fils, là où les routes n’ont jamais connu le bitume, à l’orée de jungles plus ou moins denses sont implantés les villages des Saharia de la Chambal Valley au nord-ouest de l’état du Madhya Pradesh.
Notre mission auprès d’Ekta Parishad est de réaliser une documentation photographique sur les ressources, l’habitat, la créativité des adivasis Saharia et sur la lutte que depuis de nombreuses années Ekta mène auprès de ces communautés isolées pour leur droit à la terre et l’amélioration de leurs conditions de vie.
La mousson se fait attendre en ce début juillet et ce matin la chaleur est déjà accablante. Accompagnés par Babloo et Sharma nous partons pour un périple de plus de 1000 km en Tata Sumo au plus grand plaisir de notre fils Sonam. En cours de route, les activistes responsables du secteur où résident les adivasis que nous allons rencontrer nous rejoignent en moto et ensemble nous roulons vers les villages. De loin, dans la lumière aveuglante de la mi-journée, au milieu de champs desséchés en attente de la pluie pour être semés, on aperçoit à peine le groupe d’habitations en terre avec leurs toits de branchages. Nous sommes arrivés, le moteur de la jeep s’arrête, de toutes parts s’élancent vers nous les enfants et les jeunes. Les hommes nous accueillent sur la place du village, les femmes bien qu’un peu en retrait symbolisent visuellement la couleur de l’énergie qui se dégage à cet instant de ce rassemblement et cela se transforme en détermination vers un objectif commun lorsque s’engagent les échanges entre les activistes et les villageois. Après que nos guides aient exposé la raison de notre venue, les familles nous ouvrent la porte de leur habitation au sol si frais et si doux aux pieds, refait chaque semaine d’un mélange de bouses de vache et de terre. C’est aussi l’occasion de répertorier les fruits, graines, racines glanés dans la forêt et conservés dans des greniers en terre décorés à l’aide de morceaux de bracelets de verre, de capsules de bouteille, d’éléments de métal récupérés.
Tout au long de ces rencontres nous revoyons avec émotion des marcheurs de Janadesh 2007 dont certains ont enfin obtenu un titre d’accès à la terre, d’autres toujours en attente de voir aboutir leur demande se préparent déjà pour la prochaine padyatra. Alors, au moment de nous quitter nous nous donnons rendez-vous pour Jansatyagraha 2012. Jai jagat !